| |
NAVIGATION
PORTRAIT
d'ADOLPHE THIERS par HUGUES REBELL
HUGUES REBELL
ou
Retour PAGE D'ACCUEIL
On pense bien que l'auteur de l'Union des trois aristocraties, ne
pouvait pas être un partisan de la Commune. Cependant, à la différence de
beaucoup de lâches et de matamores du monde des lettres, il eut pour ce
mouvement la compréhension d'un homme qui partageait la colère des révoltés.
Ce portrait de l'ignoble Thiers, une des pires crapules que la France ait
connues, mérite d'être retenu :
"Le misérable petit homme qui dirigeait le pays était de l'espèce la
plus vile, la plus méprisable de toutes : un rhéteur moderne, un de ces
moulins à paroles qui remplacent la pensée par des mots emphatiques et les
notions précises par des gestes et des éclats de voix. Fossoyeur de trois
royautés, il a embrassé et trahi successivement toutes les causes quand sa
fortune le réclamait, propre, comme Paillasse, aux plus diverses parades :
anarchiste, quand on le rejette du ministère; s'il revient au pouvoir, lâche,
effaré, pusillanime, au premier bruit de révolution, mais toujours plein
d'audace et d'énergie dès qu'il s'agit de frapper des vaincus. C'est le grand
stratège de la paix, capable d'organiser toutes le armées et de fortifier
toutes les villes, lorsque l'ennemi s'est retiré. Avec ses prétentions, son
ignorance, son incomparable fatuité, il est parvenu, en restant dans l'ombre
pendant douze ans, à faire oublier son ministère et à laisser croire à son
génie politique. De la coulisse et sans se compromettre jamais, il a préparé
de 1863 à 1870 la chute de l'Empire et la ruine de la France. Choyé à la fois
des libéraux et des monarchistes, il a fait plus de mal, à lui seul, que les
plus audacieux destructeurs réunis, conduisant aux abîmes avec politesse, et
si charmant dans le monde que tous ces messieurs du parti conservateur ont cru
pouvoir lui confier la Révolution, assurés qu'il ne lui laisserait allumer les
incendies qu'avec des gants. Pendant la guerre, quand tous se rangent autour
du drapeau, il refuse par deux fois son aide, à l'Impératrice d'abord qui,
affolée, vient demander secours à son mortel ennemi, à la Défense nationale
ensuite, dont il ne veut pas être. Comme ces cabotins endurcis que même la
mort de leur mère ne détournerait pas d'une tournée théâtrale, il profite de
la défaite de la France pour aller faire de beaux discours dans les cours
étrangères, soi-disant pour chercher des alliances, en réalité pour montrer le
charme de son éloquence! Par malheur, au bruit de sa parole il endort tout le
monde et s'endort lui-même. N'importe, il parle encore, il parle toujours,
éveillé ou endormi... Il parlerait du fond de la tombe! Enfin le mal qu'il a
préparé sourdement est accompli; il n'a plus qu'à jouer son rôle de pilleur
d'épaves et à repêcher les cadavres de ses victimes pour en hériter. Aussi,
tout à coup, le voit-on sauter vers nous, pareil à un vilain petit diable qui
sort de sa boite. A la vue du revenant, les mains se tendent, les
applaudissements éclatent. Quoi qu'il puisse faire, maintenant qu'il n'y a
plus rien à libérer, il sera le libérateur. Il semble, il est vrai, ne pas
oser; avec les mines d'une jeune cantatrice qui va chanter son grand morceau,
il hésite, il se fait prier: « Soyez sages, car je pourrais bien ne pas vous
sauver !" L'Assemblée gâteuse le supplie : elle n'a pas d'autre espoir qu'en
ce laid joujou que son amour transforme en héros. Un peu plus elle
l'appellerait Thiers le Grand ! Enfin, après tant de tours préparatoires, le
tour suprême est joué; l'ambitieux acrobate est élevé sur les décombres de la
monarchie.
» Qu'un pareil coquin soit venu dire ensuite : « L'ordre, le salut du
pays, c'est moi ! et que des gens de quelque bon sens aient refusé de le
croire, il ne faut pas s'en étonner. Ils avaient bien le droit de lui
répondre: « Pourquoi, vous qui avez renversé l'Empire, prétendez-vous ne pas
être renversé à votre tour? Vous êtes l'ordre, dites-vous, mais où est votre
mandat? C'est le suffrage universel qui vous l'a donné, j'entends bien, mais
le suffrage universel l'avait donné à l'Empire, il y a moins d'un an.
Puisqu'il avoue s'être trompé l'année dernière, ne puis-je croire qu'il se
trompe encore aujourd'hui?»
"En somme, le pouvoir d'un Thiers est toujours gros d'une
Commune, et je ne vois pas quelle raison on aurait de maudire la venue de
l'enfant quand on approuve l'acte de génération du père.
Premier
Président de la République française depuis que ce régime est constant, Thiers Adolphe,
n'était qu'une basse crapule, un petit homme agité après le gangster,
petit lui aussi, Napoléon I et son clone ridicule le IIIème, Badinguet. Il semble que les petits agités ne réussissent
pas à la France.
la Commune qui comptait des hommes comme Vermersch, La Cecilia,
Dombrowsky le valait bien; et si elle fut dans son ensemble une révolte du
prolétariat, à l'origine, du moins, elle eut un caractère de patriotisme qui
doit la gracier à nos yeux. C'était le cri de colère d'une ville à laquelle
les accusateurs de l'Empire avaient fait de si belles promesses et qui
assistait au naufrage de toutes ses illusions. Cinq mois de résistance pour
arriver à ce ,beau résultat. La perte de cinq milliards et de deux
provinces! La paix après Sedan et avec l'Empereur prisonnier eût été certes
moins désastreuse.
........
» Il y a des bornes à la bêtise, à la crédulité humaine. Sept mois
d'incohérences et de sottises avaient enfin édifié le peuple sur les facultés
de ses maîtres. Paris s'apercevait avec désespoir du marché de dupe qu'il
avait fait au 4 septembre, et se disait justement : "Si ces gens représentent
l'ordre, la liberté, le bien public, appelons donc tout de suite Cartouche et
Mandrin. Cela épargnera un malentendu et, à l'enseigne du moins, on
reconnaîtra la boutique! »
Extrait de La femme qui a connu l'Empereur.
J'attire particulièrement l'attention sur le dernier paragraphe,
certaines choses écrites pour un contexte, s'appliquent parfois étonnamment à
un autre!
Encore une fois, bon appétit aux habitants de Rochefort qui célèbrent
par le nom d'une rue leur crapuleuse idole!
Le 15 février 2003
HUGUES REBELL
ou
Retour PAGE D'ACCUEIL
|